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Hiver 2015 – Numéro 42
Séance du 2 décembre 2014 du Conseil universitaire
Le Conseil universitaire renouvelle le statut de centre reconnu au Centre de recherche sur les matériaux avancés (CERMA)
Le professeur Pascal Daleau, président de la Commission de la recherche, a d’abord souligné les trois axes scientifiques du CERMA : les macromolécules synthétiques et naturelles, les nanomatériaux et les biomatériaux tels que mentionnés dans l’Avis d’évaluation de son organisme. Puis, il s’y est référé pour expliquer que le développement de nouveaux matériaux organiques et hybrides par le centre contribue à répondre à des besoins de la société dans le domaine de la santé, de l’environnement et de l’énergie. À titre de preuve de la pertinence sociale du CERMA, il a rappelé que l’identification simple, rapide et précise d’infections grâce à de nouvelles méthodes de détection « améliore le diagnostic et la qualité des soins. » Et d’insister sur le fait que la recherche visant à synthétiser des matériaux de manière plus respectueuse de l’environnement « répond à un besoin d’évolution de la société dans un contexte de développement durable. »
Au plan de l’efficacité, le président Daleau attire l’attention des membres du CU sur un passage de l’avis de son organisme qui stipule que les membres réguliers de CERMA obtiennent en moyenne trois brevets par année pour protéger leurs découvertes technologiques et les transférer adéquatement dans le milieu industriel. Enfin, Pascal Daleau souhaite, conformément à la recommandation antérieurement exprimée et reprise dans ledit avis, que le CERMA établisse une nouvelle synergie entre ses chercheurs réguliers afin que ceux-ci puissent augmenter leurs projets de recherche en commun et accroître le nombre de leurs publications signées en tandem.
Les membres du CU ont pris connaissance du rapport d’évaluation des programmes de baccalauréat, de maitrise et de doctorat en biologie par le comité institutionnel d’évaluation de la Commission des études. Trois recommandations concernent le programme de baccalauréat en biologie : que la formation pratique dispensée aux personnes étudiantes facilite leur intégration au marché du travail, que ces dernières puissent développer davantage leurs habiletés en communication et qu’elles soient toutes initiées à la méthodologie de la recherche. Par ailleurs, le comité institutionnel d’évaluation recommande de prendre des mesures pour réduire la durée des études des programmes de maîtrise et de doctorat en biologie.
Mme Nancy Chamberland a déposé son rapport annuel 2013-2014 à titre d’ombudsman de l’Université Laval. Trois recommandations concernent le Règlement des études, dont celle-ci : qu’une personne étudiante exclue de deux programmes fasse l’objet d’une exclusion de l’Université pour une période déterminée, et que pendant cette période, elle ne puisse être admise ou réadmise dans aucun programme ni s’inscrire à titre de personne étudiante libre. L’ombudsman suggère également que le Règlement disciplinaire à l’intention des [personnes étudiantes] de l’Université Laval fasse l’objet d’une révision au cours de la prochaine année.
L’observatoire interuniversitaire de création et de recherche en musique, section Laval (OICRM-ULAVAL) a obtenu le statut de centre reconnu de recherche. Par ailleurs, les membres du CU ont exigé que sa direction présente à la Commission de la recherche, dans trois ans, un rapport d’accompagnement du développement du centre. Ce rapport devra contenir des données financières d’ordre budgétaire et des informations à propos du nombre d’articles scientifiques rédigés et publiés par ses membres dans des revues avec comité de lecture. À l’occasion de l’évaluation des activités de création et des activités scientifiques du OICRM-LAVAL, la Commission de la recherche en a profité pour répartir ses membres réguliers en trois catégories : les chercheurs, les chercheurs-créateurs et les créateurs.
Quant au Département des sciences des aliments et de nutrition, il porte désormais le nom officiel de « Département des sciences des aliments ».
Jacques Rivet, cc
À l’horizon
Tensions et tendances
(NDLR : cette rubrique présente des entretiens avec des professeures et professeurs ou des contributions écrites de leur part concernant les défis que pose la mission future de l’université à leur comportement pédagogique, scientifique et professionnel ainsi qu’à celui de leurs collègues.)
Paul H. Naccache
Professeur titulaire
Département de microbiologie-infectiologie et d’immunologie
En science pendant 44 ans :
Mes réflexions et mon inquiétude
Résumer ces quarante-quatre dernières années en quelques lignes? Une tâche, qui pour moi du moins, n’est pas évidente. Allons-y tout de même. Choose a topic I do not know. This way, we will learn it together (Choisis un sujet que je ne connais pas. De cette façon, on l’apprendra ensemble). Ce conseil, donné par mon superviseur de thèse, Ramadan I Sha’afi pour m’aider à trouver un sujet de recherche pour mes études de doctorat m’a profondément influencé et m’a constamment, même si quelquefois inconsciemment, guidé et accompagné au cours de ma carrière. Ce conseil, et l’exemple de mon superviseur.
Ce conseil résume en quelques mots deux éléments critiques : l’apprentissage continu incluant le côtoiement constant de l’inconnu et l’aspect collaboratif de l’entreprise qu’est la science. Quarante-quatre ans à se réveiller chaque matin en se demandant ce que voulaient dire les résultats obtenus la veille, quelles conclusions en tirer, quelles étaient les prochaines étapes et à essayer de deviner les résultats à venir. À vouloir partager, questionner et approfondir ces réflexions avec ses collègues (assistants de recherche, étudiants, postdoctorants et chercheurs).
Un mélange de curiosité intellectuelle continuelle et de travail de fourmi ouvrière, de poseur de briques dans un immense projet collectif dont on n’aperçoit que les contours, mais aussi, quelquefois dans un moment de grande satisfaction, la « grande structure ». Une recherche continue de la clarté intellectuelle et aussi de la simplicité dans l’écriture (le partage des connaissances). Une contribution, aussi mineure soit-elle, à la pure acquisition de connaissances. Un mélange continuellement étrange et quelquefois perturbant de désir absolu de rigueur, donc de patience extrême, et d’excitation parfois fébrile.
Enfin, le retour du charriot. Le privilège, presque journalier et toujours aussi enthousiasmant, de côtoyer et d’interagir avec la nouvelle génération, son enthousiasme, son dynamisme, sa capacité de générer de nouvelles idées, de faire de nouveaux liens. La gratification exceptionnelle de suivre le cheminement de ses nouvelles recrues, de partager leur enthousiasme et leurs questionnements. Quelle meilleure façon d’être gardé éveillé et stimulé?
Et aussi, des rencontres avec des êtres exceptionnels. Dès le tout début, celle avec mon directeur de recherche, puis peu de temps après, au cours de l’élaboration d’un sujet de recherche pour ma maîtrise, de sir Alan Hodgkin, prix Nobel de physiologie et de médecine, venu lui-même à la rencontre de deux étudiants, en sandales et tee-shirt, en chemin vers le festival de rock de l’ile de Wight qui s’attendaient à simplement parler à un de ses assistants pour poser quelques questions techniques sur un projet qui n’était alors qu’aux premières phases de gestation. L’image de ce distingué professeur à la grande chevelure blanche et aux yeux pétillants de vivacité et de gentillesse ne m’a jamais quitté, pas plus que le souvenir d’avoir été convié à le suivre au « Faculty lounge » de l’Université de Cambridge vu qu’il était 16 h, l’heure sacro-sainte du thé, puis à le rejoindre à Plymouth où il travaillait dans son laboratoire sans assistants de recherche et où j’ai eu l’immense plaisir et l’honneur de partager un repas en tête à tête avec Sir Alan Hodgkin au pub local!
Je ne peux malheureusement pas passer sous silence les changements dans l’environnement scientifique auxquels nous sommes actuellement confrontés. Un profond climat de morosité, généré par le besoin, la nécessité de s’adapter à des critères qui paraissent principalement arbitraires, qui ne semblent certainement pas dictés par des considérations académiques ou scientifiques, et qui sont ressentis comme contre-productifs et déconnectés de la démarche scientifique.
La confusion qui a été, semble-t-il, consciemment installée entre la science et la prestation des soins de santé, entre la science et le développement technologique qui, faut-il le rappeler, repose sur la base des données accumulées par la recherche scientifique libre. La volonté de dicter la direction de la recherche « d’en haut » par des « décideurs » plutôt que de faire confiance à la base, aux chercheurs, une approche dont l’efficacité, bien que difficile à admettre par les « autorités », a maintes fois montré non seulement son bien-fondé, mais même son absolue nécessité
C’est avec une profonde tristesse que je me vois forcé de conclure en soulignant mon inquiétude de voir disparaitre cet émerveillement et cette excitation devant l’observation des mystères de la nature qui ont accompagné tout mon parcours, le moteur fondamental et incontournable de la créativité et de l’innovation.
« OYEZ! OYEZ! OYEZ! »
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Mise en page : Lucie Hudon