— Retour
Printemps 2018 – Numéro 70
Conseil universitaire du 1er mai 2018
La Commission de la recherche louange le Centre thématique de recherche en neurosciences (CTRN) pour son adhésion au modèle de « centre thématique »
Dans son Avis sur la reconnaissance du Centre thématique de recherche en neurosciences, la Commission de la recherche est particulièrement élogieuse à l’égard de la Direction du CTRN qui a adhéré rapidement au modèle de « centre thématique » qu’elle a proposé pour le secteur des sciences de la santé. Le professeur Pascal Daleau, ex-président de la Commission invité à titre de responsable du cheminement du dossier d’évaluation, a constaté que « le document de présentation préparé par la direction du Centre qui a servi à la présente évaluation démontre de manière remarquable à quel point celle-ci a su répondre aux attentes de la Commission. » Plusieurs données à propos de sa performance et de son développement sont soulignées dans l’Avis. Elles ont trait à ses ressources humaines, à ses ressources financières / matérielles, à ses publications ainsi qu’à ses activités scientifiques et pédagogiques. Le nombre de ses membres réguliers est passé de 63 en 2014 à 76 actuellement. Le CTRN a donc recruté progressivement 50 nouveaux membres au cours des dernières années.
Le CTRN présente maintenant un budget annuel de recherche de l’ordre de 32,3 millions de dollars. Il était de 6,25 millions de dollars en 2011. En normalisant le financement par membre régulier par année, précise l’Avis, « le montant moyen est passé de 223 mille dollars à 532 mille dollars, se situant maintenant nettement au-dessus de la moyenne des centres reconnus de l’UL (371 mille dollars) dans le secteur des sciences biomédicales. » Au chapitre des publications des professeures chercheures et professeurs chercheurs, celles dans des revues avec comité de lecture (RAC) sont passées d’une moyenne de 2,5 à 2,8 par membre régulier. Les articles co-signés entre membres réguliers dans ces revues ont sensiblement augmentés en proportion de 23 % à 27 % dépassant la moyenne de 25 % du secteur. « À cela s’ajoutent, stipule l’Avis, plus de 26 brevets qui ont été émis par les membres réguliers depuis 2014. » Enfin, 65 membres réguliers encadrent actuellement les étudiantes et étudiants à la maîtrise et au doctorat. Le nombre moyen d’étudiantes et étudiants encadrés par chercheure ou chercheur est de 1,1 à la maîtrise et de 2,4 au doctorat; les moyennes du secteur étant respectivement de 1,3 et 1,6 par chercheure ou chercheur.
Quelques recommandations de la Commission ont retenu l’attention des membres du CU au sujet de l’engagement de professeures et professeurs sous octroi par le CTRN, de la présence de sa direction aux réunions des directeurs des centres de recherche du Fonds de recherche du Québec-Santé et des liens avec l’Institut sur le vieillissement et la participation sociale des ainés (IVPSA) de l’Université « afin d’accroitre son impact social et son accès à des partenaires du milieu et développer une synergie d’activités de recherche et de diffusion des connaissances. » En somme, la Commission considère que le CTRN a rempli pleinement la mission qui lui a été confiée de rassembler les forces vives des neurosciences dans le réseau de l’Université. « La direction du Centre a su réunir une masse critique, conclut l’ex-président Pascal Daleau, qui lui assure une place privilégiée non seulement sur l’échiquier régional et provincial, mais aussi à l’échelle canadienne et internationale ». Le CTRN est devenu un modèle de « supercentre » institutionnel. Enfin, l’Avis de la Commission de la recherche souligne tout spécialement le leadership exceptionnel dont a fait montre le directeur de 2012 à 2016, le professeur André Parent, et le directeur actuel, le professeur Laurent Bouyer.
Suspension de la reconnaissance du Centre de recherche en endocrinologie, métabolisme et inflammation (CREMI)
Dans son Avis adopté par le CU le 6 décembre 2016, la Commission de la recherche constatait que la cohésion interne du CREMI était davantage le fait des habitudes de collaboration entre ses membres réguliers plutôt que le fait de son existence. Elle estimait que sa visibilité devait être accrue et qu’il fallait créer un réel regroupement de ses étudiantes et étudiants. Par ailleurs, le CREMI devait clarifier son rôle spécifique par rapport à celui du Centre de recherche du Centre hospitalier universitaire (CRCHU) de Québec. Ces recommandations parmi bien d’autres n’ayant pas été prises en compte par la direction, la Commission a fait approuver la suspension de la reconnaissance institutionnelle du CREMI par le Conseil universitaire à la quasi-unanimité. Durant la discussion menant à cette sanction, une professeure déléguée et quelques professeurs délégués ont soulevé des questions adressées au professeur Pascal Daleau concernant, par exemple, l’impact de la suspension pour la formation des étudiantes et étudiants ou la consultation effectuée auprès de certains membres réguliers à ce sujet. Pascal Daleau leur a répondu avec franchise en s’appuyant sur les diverses données validées telles que contenues dans le dossier. En dernière analyse, il semble l’avoir fait à leur satisfaction.
Jacques Rivet, cc
Entretien
Le professeur François Bergeron appuie la pratique des audiologistes en leur fournissant des faits scientifiques découlant de ses recherches appliquées
Le système audiologique avancé nommé « Immersion 360 », mis au point par le professeur François Bergeron (Ph.D. en sciences biomédicales, option « audiologie ») et son équipe dont le spécialiste en multimédia Bastien Bouchard, sert à évaluer et à réadapter en situation réelle la fonction auditive de personnes atteintes de surdité. Il a pour caractéristique principale de proposer des environnements auditifs hyperréalistes conçus spécialement pour les audiologistes qui doivent intervenir auprès de personnes atteintes de surdité. Spécialiste de l’adaptation et de la recherche auprès des personnes porteuses d’un implant cochléaire, François Bergeron a transporté dans ses bagages ce système en vol à l’Université de Montpellier où il a poursuivi ses recherches en collaboration avec des chercheurs français dans le cadre d’une récente année d’étude et de recherche (AER). À son retour, nous avons rencontré ce professeur devenu enseignant et chercheur universitaires au Département de réadaptation de la Faculté de médecine après avoir exercé, jadis pendant vingt ans, la fonction d’audiologiste clinicien.
Un défi de taille se posait à lui, à son équipe et à ses collègues collaborateurs internationaux depuis la conception et la fabrication du système « Immersion 360 » : comment permettre son utilisation non seulement au Québec francophone mais également à l’ensemble de la francophonie. Le professeur Bergeron explique qu’« une fois acquise la possibilité d’évaluer les personnes atteintes de surdité en les plaçant dans des situations simulées de la vie réelle, il a fallu élaborer un corpus de tests basés sur des phrases susceptibles d’être bien comprises par des personnes issues des diverses cultures régionales des pays de la francophonie ». Le séjour qu’il a effectué à l’Université de Montpellier lui a permis d’atteindre cet objectif d’universalisation francophone du système tout en le faisant connaître aux étudiantes et étudiants à qui il s’est adressé dans certains cours. Qui plus est, parmi les personnes à qui il a enseigné, quelques-unes ont décidé de venir le retrouver en s’inscrivant à l’Université Laval.
Le professeur Bergeron veut poursuivre plus loin ses recherches et ses expérimentations en multipliant la variété des environnements sonores réalistes « pour fournir aux audiologistes des faits scientifiques qui vont leur permettre de raffiner leur pratique professionnelle ». À ce propos, il a initié des contacts avec deux organismes publics : l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et sécurité au travail (IRSST) et la Société de l’assurance-automobile du Québec (SAAQ). Et de donner en exemple les deux problèmes suivants de l’évaluation de l’aptitude auditive de travailleurs en action : « Comment fait-on pour évaluer un mécanicien qui doit entendre le bruit d’un camion qui recule pendant qu’il s’affaire à réparer le silencieux d’une automobile ? Comment saisir la facilité avec laquelle un conducteur d’ambulance perçoit la conversation des ambulanciers qui prodiguent des soins à un blessé qu’il conduit à l’hôpital ? »
François Bergeron se réjouit que les nouvelles technologies permettent de concevoir des systèmes audiologiques « qui amène la vie de tous les jours dans le laboratoire » comme « Immersion 360 ». Il constate que ces technologies sollicitent l’imagination et la créativité des chercheures et chercheurs universitaires. Il adhère en principe à la méthode de recherche qui consiste à voir les choses autrement. Mais il soutient que toute innovation découlant de la recherche scientifique doit être validée afin d’être utile aux cliniciennes et cliniciens qui offrent des services aux personnes vivant « avec des problèmes souvent aigus de santé auditive ».
Jacques Rivet, cc