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Automne 2019 – Numéro 81
Conseil universitaire du 5 novembre 2019
Le plan de collaboration entre les professeur.e.s et les étudiant.e.s
devient obligatoire aux cycles d’études supérieures,
annonce la rectrice Sophie D’Amours
Un refus professoral d’y consentir demeure toutefois une possibilité maintenue
La rectrice Sophie D’Amours informe les membres du Conseil universitaire au début de la séance du 5 novembre dernier que le Comité de direction de l’Université a décidé de rendre obligatoire, à partir de juin 2020, le plan de collaboration entre les professeur.e.s et les étudiant.e.s aux cycles d’études supérieures. Elle insiste sur « la nécessité d’avoir une communication très claire sur un ensemble d’enjeux liés au projet d’étude » entre les partenaires d’une recherche à la maîtrise et au doctorat. À ce sujet, elle rappelle que plusieurs facultés ont déjà rendu obligatoire un tel plan. « Aujourd’hui presque 55% d’étudiant.e.s au doctorat sont dans une faculté où le plan est obligatoire », précise-t-elle. Et d’admettre « qu’on réalise que ça prend un petit coup de pouce » pour que la mesure s’applique à l’ensemble des facultés du campus. Par ailleurs, en réponse à une question d’un représentant étudiant concernant la possibilité qu’une professeure ou un professeur puisse refuser de signer un plan de collaboration, le vice-recteur aux études et aux affaires étudiantes. M. Robert Beauregard, admet que ce pourrait être le cas. Il ajoute que les professeur.e.s seront dans l’obligation « d’avoir [une] conversation » sur le sujet avec leurs étudiant.e.s. Toutefois la ou le professeur.e n’aura pas l’obligation de signer le plan de collaboration. Alors que les représentants des étudiant.e.s ont adressé quelques questions à la rectrice ainsi qu’à M. Beauregard, aucune question et aucun commentaire n’ont émané des représentant.e.s des professeur.e.s.
Le président du Comité-conseil sur la liberté d’expression, le doyen Alain Rochon, (Aménagement, architecture, art et design) donne un aperçu de l’avancement des travaux que ses membres ont menés jusqu’à ce jour. Le Comité a étudié les définitions du concept contenues dans la Charte canadienne des droits et libertés, dans celle des Nations-Unies ainsi que dans le Premier amendement de la Constitution des États-Unis. « On a pris connaissance des politiques sur la liberté d’expression d’autres universités canadiennes et américaines », ajoute-t-il. Enfin, il signale que les membres du Comité s’attardent présentement à réfléchir aux principes sur lesquels elle est fondée à l’aide de cas de figure, à la fois réels et de nature plus ou moins complexe, « en vue d’élaborer un document qui vise la protection et la valorisation de la liberté d’expression à l’Université. »
La professeure Jocelyne Mathieu (Lettres et sciences humaines) intervient à la suite de la présentation par la présidente de la Commission des études, Mme Marie Audette, de l’avancement du mandat particulier concernant l’internationalisation de la formation à l’Université qui lui a été confié. Elle souhaite voir l’internationalisation de la formation être orientée de plus en plus dans un axe nord-sud parce qu’elle estime cette voie prometteuse.
Le rapport annuel 2018-2019 de la Commission de la recherche rend compte d’une réflexion faite sur le mémoire et la thèse par articles. En effet, il y est consigné que le vice-doyen Alain Beaulieu a présenté à la Commission les paramètres qui ont été établis par un comité constitué par la Faculté des études supérieures et postdoctorales pour encadrer la production de mémoires ou de thèses par articles ou insertion d’articles. On peut prendre connaissance de ces paramètres sur le site web de la FESP.
EN BREF
– Des programmes de maîtrise et de doctorat en psychoéducation sont créés à la Faculté des sciences de l’éducation. Le rapport d’élaboration fait mention de la possibilité de réaliser la maîtrise ou le doctorat partiellement ou entièrement à distance;
– Le plan d’action du doyen François Gélineau (Sciences sociales) prévoit d’intégrer, dans les programmes de baccalauréat en économique et de baccalauréat intégré en économie et mathématiques, les cours d’un nouveau microprogramme en économie comportemental. À la maîtrise, est recherchée une formation en microéconomie mieux adaptée à celle en mathématiques du baccalauréat;
– Le plan d’action du doyen André Zaccarin (Sciences et génie) manifeste la volonté de créer un cours facultaire portant sur la méthodologie en recherche de même que d’organiser une réflexion sur l’offre de programmes en biochimie, en microbiologie et en bio-informatique;
– Le rapport d’évaluation du Centre de recherche sur les infrastructures en béton (CRIB-ULaval) a été approuvé en exigeant que celui-ci soumette dans douze mois à la Commission de la recherche un lien vers son nouveau site web et une version actualisée de ses statuts;
– Le Centre de recherche en infectiologie (CRI) doit transmettre dans la prochaine année à la Commission de la recherche un plan visant à augmenter les indices de cohésion entre ses membres en fonction de co-publications qu’il produit, des subventions conjointes qu’il obtient ainsi que des codirections qu’il assume. Le CRI doit également faire une mise à jour « approfondie » de son site web en le signalant à la Commission.
Jacques Rivet, cc
Soutenance de thèse de doctorat de Madame Anik Demers-Pelletier
« Les problèmes rencontrés sur le terrain ont posé un défi à la méthode de distance nécessaire à la recherche »
– la professeur Martine Roberge, directrice de recherche
Les membres du jury, de gauche à droite, les professeur.e.s Fernand Harvey (CNRS), Jocelyne Mathieu, Johanna-Pascale Roy (Présidente), Patrice Leblanc (UQAT), Martine Roberge (Directrice de recherche)
La professeure Martine Roberge, directrice de la recherche doctorale de Mme Anik Demers-Pelletier sur une « Étude du processus de patrimonialisation du village de Saint-Élie-de-Caxton » se réjouit, lors de la soutenance de thèse de la doctorante « devant un auditoire bien garni », qu’elle ait plongé audacieusement dans les enjeux de la patrimonialisation dont elle n’était pas très familière au début de sa démarche. Elle lui suggère d’ajouter une note dans sa thèse soulignant que « les problèmes rencontrés sur le terrain ont posé un défi à la méthode de distance nécessaire à la recherche. » Puis, elle demande à Mme Demers-Pelletier d’expliquer si les enjeux de la patrimonialisation sont indissociables ou non de la mise en tourisme ou de la revitalisation d’un lieu. « Autrement dit, précise-t-elle, pour avoir une patrimonialisation faut-il automatiquement passer par une revitalisation qu’on constate à travers les indices économiques et l’appropriation du territoire ? ». Elle souligne, enfin, le parcours méticuleux de la doctorante dans l’inventaire des recherches en ethnologie et dans celles « moins nombreuses » sur le processus de patrimonialisation.
La professeure Jocelyne Mathieu insiste également sur le comportement de la chercheure en relation avec ses informateurs du terrain : une distance s’impose à leur endroit. Elle comprend que cette dernière ait dû développer une stratégie de leur écoute. Elle fait la remarque suivante : « Cela a dû être parfois très difficile ou plutôt très délicat ». Mme Demers-Pelletier le reconnaît. Cependant elle affirme avoir réussi à faire fi des tentatives d’influence sur sa démarche scientifique, même si quelques témoins ont tenté de la mettre en garde contre d’autres témoins, dans le genre : « Lui, y va te dire ça, mais crois-le pas ». Jocelyne Mathieu estime que cette recherche doctorale est très soignée et originale. Elle la considère aussi « très prudente » en raison d’une certaine répétition et reformulation de ses constats.
Le professeur Fernand Harvey n’a pas dépisté dans la recherche doctorale un rituel documentaire, familier aux sociologues, lors de la rédaction d’une thèse : la revue de la littérature. Et il s’en étonne quelque peu. À ce propos, la doctorante souligne que les seules études existantes au Québec sur le processus de patrimonialisation sont mentionnées et utilisées dans sa thèse. Fernand Harvey réfère aux trois dimensions de sa démarche scientifique : les types de sources, l’analyse de la revue de presse réalisée et l’observation participante. Il lui demande d’en rappeler la justification. « Vous auriez pu prendre une autre voix comme l’approche chronologique des historiens ou l’approche thématique des sociologues », ajoute-t-il. Pour lui tout autant que pour Mme Demers-Pelletier, les médias se sont avérés des acteurs majeurs du processus de patrimonialisation du village de Saint-Élie-de-Caxton.
Le professeur Patrice Leblanc s’attarde aux relations probables ayant existées entre les acteurs internes et externes mentionnés dans la thèse. Il aurait aimé percevoir plus explicitement leurs modalités de collaboration ou de conflit ainsi que leur évolution « au fil du temps ». Il poursuit son intervention en incitant la doctorante à aborder la question éthique que sa recherche doctorale a soulevée, en ayant constaté qu’à l’exception d’une note en bas de page et d’un tableau en annexe, « vous ne parlez pas beaucoup de votre position éthique dans la thèse », conclut-il.
Jacques Rivet, cc
Résumé de la thèse : Comme c’est le cas pour bien des villages au Québec, celui de Saint-Élie-de-Caxton, en Mauricie, a connu l’exode rural. L’école était sur le point de fermer, il n’y avait plus d’enfants. Puis, au début des années 2000, Fred Pellerin a commencé à se démarquer avec les contes de son village, peuplés de personnages colorés. Au fil des ans, les « curieux » se sont faits de plus en plus nombreux et ont pu être témoins de la solidarité et du sentiment d’appartenance de la communauté caxtonienne qui s’est complètement appropriée l’univers de son ambassadeur. Aujourd’hui, le village revit avec ses visites guidées, son Garage de la Culture, ses restaurants et lieux d’hébergement, et avec toutes les jeunes familles qui s’y sont installées, l’école « déborde »! C’est donc l’ensemble de ce processus de reconnaissance, d’appropriation et de transmission de la part de la communauté qui a été étudié dans le cadre de cette thèse.