— Retour
Hiver 2019 – Numéro 76
Conseil universitaire du 5 mars 2019
À l’horizon se profile l’École supérieure d’études internationales Brian Mulroney
Les membres ont créé l’École supérieure d’études internationale (ESEI) et, par la suite, le Département interdisciplinaire en études internationales tout en abolissant l’Institut québécois des hautes études internationales (HEI). Cette création fait partie d’une stratégie de réorganisation de la structure des études internationales à l’Université. Dans une lettre adressée au vice-recteur Robert Beauregard, le 14 octobre 2018, le directeur de l’HEI, M. Louis Bélanger, la justifie, spécialement en avançant la raison suivante : « La demande faite aujourd’hui est aussi motivée par les perspectives offertes par le projet de levée de fonds que l’Université s’apprête à lancer afin de souligner la contribution du très Honorable Brian Mulroney sur la scène internationale. » À la période des questions, le professeur Luc Beaulieu (Sciences et génie) demande à la rectrice Sophie D’Amours, après avoir remarqué la dimension internationale de l’École, « si elle va avoir un nom, éventuellement ? » Et la rectrice de répondre que « Ça pourrait être envisagé ». Il y a donc tout lieu de faire l’hypothèse que la nouvelle école portera le nom de l’ancien premier ministre du Canada dans un avenir rapproché.
Par ailleurs, le Conseil d’administration doit modifier les Statuts de l’Université pour remplacer le statut d’institut d’études supérieures par celui d’école d’études supérieures. Fait inédit dans l’organisation de la responsabilité et de la gestion des unités administratives à l’Université, le directeur ou la directrice de l’ESEI assumera aussi la direction du Département interdisciplinaire en études internationales. Au début de son intervention, le vice-recteur aux études et aux affaires étudiantes Robert Beauregard précise que la proposition de la création de l’ESEI est la réponse à la concurrence marquée que subissait l’HEI par la multiplication des écoles en études internationales au niveau canadien.
Puis, il enchaîne en expliquant l’illustration graphique suivante, projetée sur l’écran de la salle du CU :
« Les membres de l’ESEI proviennent de six facultés contributrices. Leur doyen respectif siège chacun, chacune, sur le Conseil de l’École. Au sein de celui-ci, est créé un Bureau de direction, également formé des doyens. Ils vont avoir un regard administratif pour superviser les travaux de l’ESEI. Son directeur ou sa directrice va relever du Bureau de direction. En matière d’encrage administratif, le Département interdisciplinaire en études internationales aura une gestion budgétaire régulière au même titre que tous les autres départements existants à l’Université. L’ESEI et le Département sont rattachés à la Faculté des sciences sociales. »
Puis il annonce que la direction de l’Université va permettre la dotation de sept postes de professeur.e.s au nouveau département, « dotation conditionnelle au succès de la campagne de levée de fonds projetée » pour souligner la contribution internationale de Monsieur Mulroney. À ce propos, la professeure Josée Savard (Sciences sociales) intervient : « J’apprends qu’il va y avoir sept nouveaux postes de professeur.e.s. Est-ce que la dotation éventuelle de ces postes au nouveau département va affecter l’attribution des postes au sein de la Faculté des sciences sociales (FSS) ? ». En réponse, le vice-recteur Beauregard précise à nouveau que ces postes seront attribués en fonction du succès de la campagne de levée de fonds envisagée. Par ailleurs, il suppose que cette réorganisation des études internationales va avoir pour effet l’accroissement du recrutement étudiant. Et il conclut qu’il ne voit pas de lien entre la dotation de futurs postes de professeur.e.s au département interdisciplinaire et l’attribution de postes de professeur.e.s à la FSS. La très grande majorité des membres du CU a voté en faveur de la proposition respective du vice-recteur Beauregard concernant la création de l’école supérieure et le département en études internationales.
Le Bureau de la qualité des programmes
Un Bureau de la qualité des programmes a vu le jour. Il regroupe les comités institutionnels d’évaluation des programmes (CIEP) et de suivi des plans d’action des doyens (CSPAD). Sous la responsabilité du vice-recteur Robert Beauregard assisté de la vice-rectrice adjointe Caroline Senécale, la directrice Anick Jalon supervise les sections administratives consacrées à l’élaboration, l’amélioration continue et la publication des programmes, à l’évaluation des programmes et à la veille. Deux postes de professionnels seront à pourvoir. Le Bureau assure la mise en œuvre des orientations stratégiques de l’Université en lien avec les programmes d’études.
EN BREF
- Le statut reconnu de l’Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels (INAF) est renouvelé pour les cinq prochaines années ;
- Le Centre de recherche en sciences et technologie du lait doit faire part à la Commission de la recherche, dans un délai maximum d’un an, d’une version actualisée de ses statuts et de la réalisation d’un site web spécifique au Centre ;
- Un certificat en langue et cultures du monde arabe a été créé à l’École des langues de la Faculté des lettres et des sciences humaines entrant en fonctionnement à la session d’automne 2019 ;
- Le Diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) en éducation physique et sportive a été approuvé et rattaché à la Faculté des sciences de l’Éduction. Il sera en fonctionnement à la session d’automne 2020 ;
- L’Ombudsman de l’Université, Mme Hélène Richard, a déposé son rapport annuel 2017 – Elle a débuté sa présentation par l’affirmation suivante :
- «L’Ombudsman s’assure que les droits des membres de la communauté universitaire sont respectés […]. Les membres de la communauté, je trouve important de le rappeler, essentiellement, ce sont les étudiants et les employés de l’Université.» Mme Richard a aussi commenté son rapport sur le suivi des recommandations pour l’année 2016 – 2017.
Jacques Rivet, cc
Entretien avec le professeur Sylvain Bourgoin
« Si on veut changer les choses, il faut s’impliquer »
Le professeur Sylvain Bourgoin du Département de microbiologie, infectiologie et immunologie a mis en pratique au cours de sa carrière le principe suivant qu’il affirme avec grande conviction : « Si on veut changer les choses, il faut s’impliquer ». Lors d’un récent entretien, il en a donné plusieurs preuves en référant, par exemple, à sa charge de travail actuelle. Il est le responsable des études de 2ièmeet de 3ièmecycle pour les programmes de maîtrise avec mémoire et de doctorat à la Faculté de médecine. À ce titre, il est le bras droit du vice-doyen à la recherche et aux études supérieures.
Cette tâche, il l’assume après avoir agi comme directeur des programmes en microbiologie et immunologie, durant « deux mandats de quatre ans qui ont duré dix ans », dit-il avec humour. Il avoue que cette responsabilité académique a pris de plus en plus d’importance au cours des années dans le prolongement de son implication passionnée comme directeur et chercheur fondamentaliste au sein de son laboratoire sur les médiateurs de l’inflammation.
Quelles sont les différentes facettes de cette responsabilité? «C’est un peu de tout», répond-il spontanément. Il se voit autant comme un conseiller pouvant apporter une aide psychologique qu’un médiateur qui tente d’arrondir les coins et surtout d’inciter à la discussion entre les parties prenantes, étudiante et professorale. Cette discussion peut porter, par exemple, sur un problème de comportement ou de santé, l’évaluation d’un travail, ou une attente trop élevée de part et d’autre. Le professeur Bourgoin intervient souvent comme conciliateur pour trouver des solutions à diverses problématiques de supervision.
Par ailleurs, il travaille à relever le défi d’intégration auquel fait face sa faculté : dans une proportion de près de 50%, les étudiant(e)s aux cycles supérieurs proviennent de l’étranger. Et d’ajouter aussi que les étudiant(e)s «ne sont pas sur le campus. Ils/elles sont dans les centres de recherche affiliés.» Cette situation lui impose de sensibiliser les professeur(e)s/chercheur(e)s de ces centres à l’encadrement des étudiant(e)s. Par exemple, il explique que les étudiant(e)s au doctorat sont inséré(e))s dans les programmes de recherche des professeur(e)s/chercheur(e)s où ils/elles développent ainsi leur autonomie de recherche. À la question qu’ils/elles se posent concernant leur travail après l’obtention de leur doctorat, Sylvain Bourgoin souligne que la démarche scientifique peut se transposer comme instrument efficace de résolution de problèmes dans différentes sphères d’activité.
« Sortir du tube à essai »
Le professeur Sylvain Bourgoin fait de la recherche fondamentale en microbiologie et immunologie depuis 27 ans dans son laboratoire. Biochimiste, il est arrivé en 1992 à l’Université Laval en tant que « professeur subventionnel » selon la dénomination de l’époque, aujourd’hui appelé «professeur sous octroi ». Il s’est toujours intéressé aux lipides bioactifs dans le domaine de l’inflammation. En 2003, il est devenu professeur régulier de la Faculté de médecine. «Faire de la recherche, constate-t-il, ça prend beaucoup d’énergie et de patience.» Comment voit-il l’avenir de la recherche à l’université en songeant à ce qu’elle était au début de sa carrière? Sans hésitation, il répond qu’il y a eu un alourdissement des tâches de recherche du point de vue administratif. «Cela dit, ajoute-t-il, ce n’est pas ce qui nous restreint le plus.»
Il estime que ce qui est le plus préoccupant, actuellement, ce sont les taux de réussite des demandes de subvention auprès des organismes subventionnaires. Ces taux étant beaucoup plus bas qu’autrefois, les professeur(e)s-chercheur(e)s doivent faire plus de demandes de subvention à plus d’organismes. Ils/elles consacrent plus de temps que jadis à cette quête de fonds scientifiques. Il explique aussi, par hypothèse, qu’un chercheur ayant vu toutes ses demandes de subvention refusées, devra congédier son personnel de recherche spécialisé et trouver une solution pour les étudiants en formation dans le laboratoire. Advenant qu’il réussit à en obtenir une plus tard, il devra former un nouveau personnel de recherche, son ancien personnel étant allé, bien évidemment, travailler ailleurs.
Malgré ses irritants du moment, Sylvain Bourgoin voit un avenir à la recherche dans une approche multidisciplinaire et une nécessité de «sortir du tube à essai», proclame-t-il. Dans ce but, il travaille depuis un certain temps avec des rhumatologues du CHU de Québec. Il estime que l’arrimage entre les chercheurs fondamentalistes et les cliniciens est de plus en plus essentiel pour étudier des questions pertinentes pour les soins des patients dans le domaine de la santé, par exemple. Et de décrire brièvement à quel problème de santé, lui et son équipe abordent avec les rhumatologues : «Les patients qui ont des maladies rhumatismales, même traités, ont une inflammation systémique toujours persistante. Ceux qui souffrent, par exemple, d’arthrite rhumatoïde, du lupus, sont plus à risque de développer des accidents cardiovasculaires.» Les rhumatologues ne peuvent expliquer le lien entre les maladies rhumatismales et le risque plus élevé d’accidents cardiovasculaires. Mais une équipe ou un groupe de recherche multidisciplinaire peut tenter de le faire, de conclure le professeur Bourgoin.
Lui et son équipe se concentrent présentement sur l’identification de marqueurs sanguins qui permettraient d’évaluer le risque plus ou moins élevé pour une personne atteinte de lupus, par exemple, d’être victime d’un accident cardiovasculaire. «Dans ce travail, on doit être en contact avec les rhumatologues cliniciens qui nous apportent desleurs connaissances sur la pathologie de la maladie», constate-t-il. Les rhumatologues vont ainsi pouvoir bénéficier du savoir sur les mécanismes cellulaires de base de l’équipe du professeur Bourgoin en vue d’identifier un marqueur sanguin qui pourrait permettre d’identifier les patients les plus à risque de développer une athérosclérose. Le professeur Bourgoin demeure optimiste quant à l’avenir de la recherche universitaire. À tout le moins, il conseille de l’être … «Si on veut changer les choses»!
Jacques Rivet, cc