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5 avril 2022

Un débat, deux visions de l’Université

Le 17 mars dernier avait lieu le débat entre Éric Bauce et Sophie D’Amours, tous deux candidats au poste de recteur ou rectrice de l’Université Laval. L’événement, animé par le journaliste Simon Jodoin, était organisé par le Regroupement des associations et syndicats de l’Université Laval (RASUL) et se tenait au Grand Salon. Pendant près de 2 h, Simon Jodoin a fait un travail plus qu’honnête pour tenter d’amener les deux candidats à sortir de formules très générales et peu engageantes sur la bienveillance, la collaboration, l’agilité, etc. et à se commettre sur les dimensions les plus concrètes de leurs ambitions comme futur recteur ou rectrice. 

L’exercice aura permis à l’une et à l’autre de s’avancer sur certains de leurs projets. Parmi bien d’autres propositions, Éric Bauce a notamment fait état de ce qu’il imaginait comme formule pour favoriser l’interdisciplinarité et permettre une flexibilité des parcours étudiants, pour lever certains irritants vécus par les chercheurs avec les délais de traitement des demandes en éthique de la recherche et pour donner aux sciences de l’éducation et à la culture une place plus centrale sur le campus. Sophie D’Amours a de son côté en partie tablé sur son bilan des dernières années et sur certains aspects concrets de celui-ci (chantiers d’avenir, LPU, gestion pandémique, campus nordique…) et elle s’est également avancée sur quelques-uns de ses projets, notamment celui de mieux préparer les étudiant.e.s avant même qu’ils et elles n’arrivent à l’université, de construire des logements étudiants sur le campus et de mieux soutenir la mobilité internationale. De légers « glitchs dans la matrice » auront aussi permis au public attentif d’apercevoir des postures passablement inquiétantes dans l’implicite de certaines formules et l’horizon de phrases malhabiles laissées en suspens, notamment quant au caractère dépassé de l’Université complète ou à la pertinence de négocier des procédures de pardon pour des actes que la société juge inacceptables. 

Les deux candidats ont concrètement assez peu débattu l’un avec l’autre. Le public a eu droit à quelques brèves escarmouches polies, alors qu’Éric Bauce a repris et corrigé Sophie D’Amours sur les chiffres qu’elle avançait concernant la croissance du financement de la recherche à l’Université Laval et que Sophie D’Amours a reproché à Éric Bauce de dépeindre un portrait sombre et peu attractif de l’institution. Le débat aura permis au public de mettre à jour son répertoire de formules et expressions à la mode à glisser dans son prochain rapport annuel ou demande de financement : gouvernance collaborative, université d’IMPACT, expérience étudiante globale, flexibilité agile, enseignement d’IMPACT, chantier vibrant, etc.

Un constat se dégage au final : entre langue de bois innovante et projets bien concrets, certaines des idées phares avancées par les candidats — on pense ici à ce projet de créer un registre public des partenariats avec le privé ou à celui de favoriser une gestion collaborative à l’opposé d’une structure pyramidale – ressemblent à s’y méprendre à des mea culpa, comme si on s’appliquait de part et d’autre à jurer que le passé ne sera pas garant de l’avenir. Quelle que soit la suite, l’équipe du SPUL se promet bien de veiller à ce que la future rectrice ou le futur recteur tienne parole.

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