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4 février 2025
Gouvernance universitaire et finances (partie I) : vers un modèle entrepreneurial à l’Université Laval?
Autrefois, la gouvernance de l’Université Laval reposait sur un équilibre délicat entre la rectrice ou le recteur, le Comité exécutif, le Conseil universitaire et le Conseil d’administration. Ce modèle permettait une prise de décision collective et représentative, où la communauté universitaire pouvait faire entendre sa voix à travers diverses instances. Aujourd’hui, cet équilibre se fragilise. On observe un renforcement progressif du pouvoir du Comité exécutif et du Conseil d’administration, au détriment du Conseil universitaire et des facultés. Cette centralisation s’accompagne d’une gestion budgétaire plus discrétionnaire, où une part importante des fonds est allouée aux choix institutionnels du sommet, laissant les facultés souvent en situation de déficit.
Le passage à un modèle davantage axé sur l’efficacité, la rentabilité et la compétition soulève des inquiétudes : les étudiant(e)s deviennent des « client(e)s », la recherche et l’enseignement risquent d’être subordonnés aux impératifs de performance financière, et la mission publique de l’université, elle, s’efface progressivement au profit de logiques plus marchandes.
Alors la question se pose : voulons-nous réellement une université gérée comme une entreprise privée? La transformation est en cours, et il est plus important que jamais de rester vigilant et engagé afin de préserver les fondements de notre institution : la collégialité, la liberté académique et la mission publique de l’université.
Alors la question de pose : voulons-nous réellement une université gérée comme une entreprise privée? La transformation est en cours, et, plus que jamais, il est crucial de rester vigilant et engagé afin de préserver les fondements de notre institution : la collégialité, la liberté académique et sa mission publique.
Vous voulez rire (ou pas)? Voici, sous forme de caricature, ce qui pourrait être le mode d’emploi du modèle de l’université entrepreneurial.
Mode d’emploi humoristique pour transformer une université collégiale en université entrepreneuriale*
Étape 1 : La verticalité est la clé
D’abord, oubliez cette vieille idée d’une gouvernance « organique et circulaire ». C’est tellement dépassé! Placez tout le pouvoir entre les mains de la rectrice ou du recteur, qui devient une sorte de PDG d’université. Ajoutez un conseil d’administration (CA) omniprésent, avec des comités qui décident tout : des ressources humaines à l’immobilier, en passant par l’éthique (parce qu’on aime bien dire qu’on en a). Le but? Centraliser tout, et marginaliser les contre-pouvoirs. Pourquoi perdre du temps à écouter les doyen(ne)s, les étudiant(e)s ou, pire encore, les professeur(e)s?
Étape 2 : Les étudiant(e)s = des client(e)s
Qui a besoin d’étudiant(e)s curieux(-euses) et engagé(e)s dans des débats critiques? Ce qu’il vous faut, ce sont des client(e)s satisfait(e)s! Remplacez l’idée de formation par celle de « service après-vente éducatif ». Besoin de diplômes? Nous livrons en 24 heures si nécessaire (ou presque). Il suffit de maximiser les scores de satisfaction pour que votre université monte dans les classements. Les étudiant(e)s satisfait(e)s achètent plus de produits dérivés… euh, pardon… une formation tout au long de la vie.
Étape 3 : Budgets – ou l’art du funambulisme
Prenez un budget de fonctionnement massif (disons 800 millions). Ensuite, réservez-en environ 40 % pour des projets « transformateurs » décidés au sommet. Les facultés? Oh, elles se débrouilleront avec des miettes, même si 12 sur 17 finissent en déficit. Si elles râlent, rappelez-leur gentiment qu’elles doivent faire preuve « d’agilité » et « d’innovation » (traduction : « faire plus avec moins »). Ensuite, faites-leur des cadeaux en versant les sommes minimums requises pour éviter le fiasco en échange d’innovations managériales par des réductions de ressources et de soutien administratif. Après tout, les professeur(e)s peuvent s’adapter à tout.
Étape 4 : Les vice-rectorats sont vos meilleurs amis
Créez une armée de vice-rectorats avec des noms impressionnants comme « Vice-rectorat des chantiers transformateurs » ou « Vice-rectorat des affaires imaginaires ». Donnez-leur de jolis budgets, mais laissez les professeur(e)s gratter pour obtenir des fonds pour l’enseignement et courir les subventions qui rapportent pour leurs recherches. Ne soutenez que les projets qui viennent avec des partenaires et des fonds importants. Ce n’est pas comme si toutes les recherches ou toutes les formations étaient essentielles, après tout. Si ça rapporte, c’est que c’est bien là que l’avenir de l’université doit miser.
Étape 5 : Adoptez le langage d’entreprise
Arrêtez de parler de « mission publique » et de « bien commun ». Le nouveau vocabulaire inclut désormais : « rentabilité », « compétitivité », « agilité », « efficience » et, surtout, « retour sur investissement ». Si quelqu’un mentionne la mission d’enseignement et de recherche, faites semblant de ne pas entendre ou changez subtilement de sujet.
Étape 6 : Faites passer ça pour une « modernisation »
Quand les professeur(e)s et les étudiant(e)s commencent à se poser des questions sur la direction que prend l’université, rassurez-les : ce n’est pas une privatisation déguisée, c’est une « réforme ». Utilisez des mots-clés comme « optimisation », « vision stratégique » ou parlez de « préparation aux défis de demain » ou, mieux encore, de « chantiers d’avenir » et de « chantiers transformateurs ». (Ne précisez jamais quels sont ces défis, cela risquerait de gâcher la magie.)
Étape 7 : Récompensez l’allégeance, pas la compétence
Enfin, distribuez les postes, fonds et projets non pas en fonction du mérite, mais selon l’allégeance et par cooptation. Après tout, une bonne entreprise sait récompenser ses plus fidèles employés. Les critiques? Ils n’ont qu’à se consoler en discutant autour de la machine à café (si elle n’a pas été vendue pour financer un nouveau bâtiment inutile).
Conclusion : Pourquoi s’arrêter là?
Si tout cela fonctionne (et même si ça ne fonctionne pas), vous pourriez pousser l’expérience encore plus loin et transformer complètement l’université en une marque déposée. Avec un slogan du type : « Université de l’innovation innovante : Apprenez vite, payez plus! »
Message sérieux derrière l’humour : Cet exercice caricatural montre à quel point un glissement vers un modèle entrepreneurial peut s’éloigner des valeurs fondamentales d’une université publique. Professeur(e)s et étudiant(e)s : soyez vigilant(e)s face aux réformes qui réduisent vos capacités d’action et compromettent la mission première de l’université, qui est de servir la société par la recherche, l’enseignement et la réflexion critique.
*Ce « mode d’emploi » a été généré avec l’aide de ChatGPT sur la base de la vidéo Le modèle de gouvernance entrepreneuriale à l’Université Laval : est-ce bien raisonnable?